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Résilience des infrastructures, commande publique et défi climatique l’édito de Jean-Luc Ventura, président de l’UIE

NE LAISSEZ PAS SACRIFIER LA RÉSILIENCE DES INFRASTRUCTURES D’EAU !

Après une année 2020 chaotique, l’année 2021 semble encore synonyme d’adaptation perpétuelle tant dans nos entreprises que dans nos vies personnelles. En tant que président de l’UIE, je suis impressionné par la résilience toujours plus forte des entreprises de l’eau, toutes catégories confondues, résilience remarquable qui n’a été rendue possible que par l’engagement et la capacité de chacun à jouer collectif et solidaire, témoignant de l’intérêt de nous regrouper au sein de fédérations professionnelles comme l’UIE.

Nos infrastructures d’eau et d’assainissement ont également démontré leur résilience malgré un entretien affecté par la situation sanitaire. Cependant, il serait une grave erreur que de considérer que cette résilience est un acquis éternel.

Et pourtant, tant sur le plan législatif que budgétaire, force est de constater qu’à nouveau en 2021 l’eau n’est plus un sujet prioritaire..

Les entreprises et industries de l’eau doivent être plus écoutées par les pouvoirs publics sur de nombreux sujets : pourquoi l’eau est-elle absente du plan de relance ? Pourquoi l’est-elle tout autant dans la loi Climat et Résilience ? Pourquoi les financements des agences de l’eau en faveur des infrastructures sont-ils encore réduits ? Alors que le taux de fuite reste toujours très élevé (1 litre sur 5 en moyenne), pourquoi les objectifs de renouvellement des infrastructures ne sont pas mis en cohérence avec une durée de vie résiduelle réaliste ? Pourquoi le traitement des micropolluants n’est-il toujours pas généralisé, alors que nos entreprises ont des solutions pour améliorer la situation ? Autant de questions et autant d’incertitudes pour l’avenir de la filière qui développe des solutions pour résoudre des problématiques qui sont malheureusement régulièrement sacrifiées sur l’autel des arbitrages des dépenses publiques. 

Booster la commande publique

Le baromètre de la commande publique de la Fédération Nationale des Travaux Publics le confirme, par rapport à l’année 2019, année de référence, le niveau de la commande publique reste inférieur d’environ 25%. En cause différents paramètres : un contexte sanitaire complexe, des collectivités qui ont du mal à se projeter, des échéances électorales reportées, des lois successives de transfert de compétences… Or nos entreprises dépendent à 90% de la commande publique, il est donc fondamental que les collectivités locales reprennent les investissements et relancent l’activité par la commande publique.

Avancer sur les boues d’épuration 

L’année 2021 est marquée par une forte actualité sur les boues issues des stations d’épuration. Il est primordial que les évolutions réglementaires permettent de réaffirmer l’importance de les valoriser, que ce soit d’un point de vue agronomique ou pour produire de l’énergie verte grâce au biométhane. Les projets de texte « socle commun » ou le maintien d’un soutien adapté à la filière biométhane, via des tarifs réglementés, nous mobilisent donc tout particulièrement cette année.

Replacer l’eau au centre du jeu législatif 

Affirmant les ambitions climatiques de la France pour les prochaines années, la loi Climat et résilience devait nous aider à tenir le cap de nos engagements de 2030 et 2050. Malheureusement, concernant l’eau, le compte n’y est pas… le seul article de la loi abordant concrètement ce sujet est un article centré sur la protection de la ressource et des milieux aquatiques. Malgré une forte mobilisation de l’UIE en lien étroit avec les associations d’élus AMORCE et FNCCR et avec la FP2E, aucune mesure n’a été prise pour réaliser un rapport sur les financements qu’il serait possible de mettre en place pour progressivement traiter les micropolluants dans l’eau en amont et en aval des stations d’épuration. Alors même que les études se multiplient pour dénoncer leurs impacts sur la santé humaine et les milieux aquatiques. A noter que ces propositions avaient été portées également en Loi AGEC et lors du projet de loi de finances 2021 et que l’amendement avait été soutenu par de nombreux parlementaires. Il semble que le timing ne soit jamais le bon mais la pollution n’attend pas et progresse…

Une loi eau et climat pour 2022

Enfin, les élections présidentielles de 2022, représentent une opportunité de remettre l’eau au cœur de l’agenda politique et des débats. L’émergence d’une nouvelle loi spécifique pour un service public de l’eau exemplaire et innovant devient indispensable. Pour l’amont et l’aval de la filière, les questionnements autour de la ressource en eau et de sa gestion doivent trouver des réponses pérennes alors que le changement climatique n’est plus à démontrer.