Pollution pharmaceutique : un constat mondial

Savez-vous qu’un quart des rivières au niveau mondial contiennent des résidus médicamenteux à des niveaux considérés comme dangereux ? Selon une nouvelle étude aucune eau n’est épargnée par ces substances néfastes pour les écosystèmes.

En trois ans, trois études s’accordent sur le danger potentiel de ces substances appelées micropolluants sur la faune et la flore. En 2020, le syndicat Synteau réalisait conjointement avec l’INRAE une étude largement reprise dans les médias sur les conséquences des micropolluants en sortie de station d’épuration :

"Des impacts potentiels significatifs sur les milieux aquatiques : l’étude révèle qu’une espèce disparaît tous les dix ans."

L’an dernier l’Office Français de la Biodiversité et l’INERIS publient les résultats de la surveillance de nouvelles substances à l’échelle nationale :

"La pollution pharmaceutique constitue donc une menace mondiale pour la santé environnementale et humaine, ainsi que pour la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies."

Une nouvelle étude, publiée le 14 février dernier dans la revue de l’académie des sciences étasunienne confirme ce constat et son ampleur mondiale.

Cette fois, 127 chercheurs internationaux ont analysé la qualité des eaux de 258 rivières dans 104 pays différents, c’est la première fois qu’une analyse s’étend aussi largement, jusqu’alors 75 pays avaient fait l’objet d’une étude. Ses résultats montrent qu’un quart d’entre elles contiennent des substances médicamenteuses à des niveaux supérieurs à ceux considérés comme sans danger pour les humains et les organismes aquatiques :

"C’est moins de la moitié du monde, explique à Reporterre John Wilkinson, l’un des principaux chercheurs. Nous savons depuis deux décennies que les produits pharmaceutiques se diffusent dans les environnements aquatiques et peuvent nuire à la biologie des organismes vivants. Mais jusqu’à présent, nous n’avions aucune idée de ce qu’il en était sur la majorité de la planète."

Si les différents chiffres montrent un impact potentiel significatif de ces substances, seulement un tiers des micropolluants identifiés a pu être évalué. L’impact des substances organiques sur la santé humaine est quant à lui plus difficile à évaluer précisément.

Les chercheurs ont calculé une valeur d’impact relativement faible, qui est liée à une faible exposition directe aux molécules (particulièrement grâce aux traitements effectués pour rendre l’eau potable) et à l’absence actuelle d’études et de données chiffrées montrant le lien entre les micropolluants présents dans les rejets des stations d’épuration et la santé humaine. Il existe toutefois des suspicions sur les effets à long terme de ces molécules compte tenu des différentes sources d’exposition tout au long de la vie ou de certains phénomènes, tel l’antibiorésistance (pouvant réduire l’efficacité de certains antibiotiques actuels).