Préservation de Saint-Gobain PAM : un appel commun UIE/Canalisateurs/FNTP publié dans La Tribune

Saint-Gobain PAM fait figure de poids lourd. Cette structure dispose d’un portefeuille conséquent d’actifs stratégiques ainsi qu’un savoir-faire centenaire qu’il est impératif de conserver en France afin que l’Hexagone conserve sur son territoire l’un des leaders mondiaux dans le domaine de l’eau. Cela alors que Saint-Gobain PAM pourrait être racheté par un concurrent étranger. Par Bruno Cavagné, président de La Fédération nationale des Travaux Publics, Jean-Luc Ventura, président de l’Union nationale des Industries et entreprises de l’eau et de l’environnement et Alain Grizaud, président des Canalisateurs de France.

Avec pas moins de quatre questions au gouvernement la semaine dernière, les élus de tous bords interpellent le ministre de l’Economie sur le rachat de Saint-Gobain PAM par un concurrent étranger. Ce rachat pose en effet, dès à présent, une série de questions.  Première question : voulons-nous que le savoir-faire de ce fleuron industriel français quitte le territoire ?

Rappelons que PAM détient un portefeuille conséquent d’actifs stratégiques dans le domaine de l’eau avec pas moins de 1.500 brevets, grâce notamment à l’excellence de son centre de recherche et développement et à un savoir-faire centenaire. Basée dans l’est de la France, Saint-Gobain PAM est aujourd’hui reconnue dans le monde entier grâce à ses innovations autour des techniques de centrifugation, fonte ductile, revêtements. Chaque année, ce sont en moyenne 50 inventions qui sont déposées à l’INPI sur les produits et les procédés.

Sur la base de ses 50.000 références, l’entreprise livre tous les ans 40.000 km de canalisations dans 136 pays. L’actualité nous a déjà montré qu’un tel portefeuille d’innovations, dans un secteur sensible comme celui de nos réseaux d’eau potable, peut susciter la convoitise de concurrents étrangers. Deuxième question : voulons nous abandonner l’opportunité de faire construire nos canalisations fonte en France ? Longs d’1,5 million de km, les réseaux d’eau et d’assainissement représentent un actif stratégique pour notre pays et pour nos concitoyens.

Un savoir-faire unique qui risque de partir à l’étranger

Depuis mars 2018, les Assises de l’Eau, voulues par le Président de la République, ont  clairement souligné la nécessité de renouveler ce patrimoine de l’eau et de l’assainissement dont la valeur à neuf est estimée à plus de 300 milliards d’euros, et qui souffre d’un déficit chronique d’investissement. Chaque année, le taux de renouvellement des canalisations atteint 0,6 %, soit 167 ans pour les renouveler complètement ! À l’heure où le taux de fuite dans nos réseaux dépasse les 20 %, à l’heure où la part des travaux de canalisations représente 60 % des investissements en eau et assainissement des collectivités, les entreprises françaises, dont Saint-Gobain PAM, sont prêtes pour le renouvellement de nos canalisations.

Soulignons l’importance pour l’économie locale des chantiers de renouvellement, de modernisation et d’entretien de nos infrastructures d’eau et d’assainissement : Saint-Gobain PAM fait partie intégrante de ce soutien économique aux territoires, tant par l’implantation de ses usines en France, que par la participation à tous ces chantiers. Dans ce contexte, n’est-il pas paradoxal de devoir importer des canalisations d’un ancien fleuron français passé sous contrôle étranger ? Enfin, troisième question, notre pays veut-il garder son excellence dans le domaine de l’eau ? Cette excellence fait la renommée de la France à l’international, tout en ayant un impact très positif sur la balance commerciale de notre pays. Saint-Gobain PAM y contribue largement par son savoir-faire, par sa R&D, par ses innovations, mais aussi par sa capacité à associer TPE/PME et start-up autour de projets d’envergure. Cette entreprise génère ainsi un formidable effet d’entrainement sur l’écosystème français des acteurs de l’eau.

Cet écosystème, nous sommes dès maintenant conviés à le préserver, à le cultiver et à le faire croître : c’est tout le sens de la loi Pacte ; c’est aussi tout l’objet du Conseil national de l’Industrie que pilote son vice-président, Philippe Varin. Dans le cadre du CNI a ainsi été créé le Comité stratégique de Filière Eau dont le contrat de filière a été signé le 31 janvier dernier à Rennes en présence d’Agnès Pannier-Runacher. Au moment où l’on cherche à réindustrialiser la France, il est impératif de conserver un fleuron de l’industrie française ! Fédérations professionnelles des travaux publics, de l’eau et de l’assainissement, nous appelons tous les acteurs concernés à agir pour que sur le long terme, nous puissions conserver sur le territoire national des leaders mondiaux dans notre secteur

Lire l’article sur La Tribune